le liseron du soir
la grâce
des choses cachées
Chiyo ni (1703-1775), trad. CHENG WING fun & Hervé COLLET
夕顔や |
yûgao ya |
Il existe bien des formes de haïku. Beaucoup sont simplement descriptifs ou contemplatifs. Mais il semble que les plus aboutis soient les moins bavards, ceux qui épurent le langage, se contentant d’effleurer la page d’une esquisse.
Comme la fleur de liseron qui, le soir venu, préserve l’intimité de ses formes en refermant sa corolle, le haïku se doit de garder une part de mystère. Ainsi, ne dévoilant pas d’emblée tous ses attraits, il invite les lecteurs et lectrices à se pencher sur lui un peu plus longtemps, à se questionner, à ébaucher des hypothèses, à projeter leur propre sensibilité sur les mots pour permettre au(x) sens d’éclore. Que l’auteur.e capable d’octroyer cette liberté à ceux et celles qui le/la lisent fait alors preuve de grâce et d’élégance ! Chiyo ni le sait bien qui acquiescerait volontiers sans doute aux paroles de Maurice Coyaud rappelant ainsi l’idéal japonais du yûgen (ou « ineffable ») :
ne pas dépasser le seuil de la simple suggestion… laisser les portes du sens grandes ouvertes.
Danièle Duteil
Juste le frisson sur la peau – juste le frisson sur le coeur
Merci
Oui, c’est la grâce ineffable des choses « senties ».
Le profond dans l’éphémère.
Merci Danièle de l’avoir rappelé.
Bien amicalement.
Dông Phong