HAÏKU DU CŒUR N°36

 

                      Tháng giêng ăn Tết ở nhà,

Tháng hai cờ bạc, tháng ba hội hè,

                               (Ca dao)

 

La première lune on fête le Têt à la maison,

La deuxième lune des jeux d’argent, la troisième lune des festivals,

                             (Poème populaire anonyme)

 

Les ca dao ou poèmes populaires anonymes sont innombrables au Viêt Nam, et se répètent de génération en génération depuis des siècles.

Les deux vers ci-dessus proviennent d’un ca dao de dix vers, en prosodie « six-huit »*, qui décrit un calendrier de rêve, où il n’y a que des festivités qui alternent avec des activités (surtout agricoles) bien réussies le long des douze lunes de l’année. Malheureusement, ce rêve de loisirs et de réussites n’est jamais réalisé en totalité, car la paix et l’abondance ne sont pas toujours au rendez-vous.

Mais quelle que soit la situation du pays et des gens, le Têt ou Nouvel An Lunaire est toujours célébré avec ferveur pendant au moins trois jours : on nettoie la maison et la décore (avec des fleurs, des vœux calligraphiés sur papier rouge, des estampes poétisées,…), s’habille de vêtements neufs, fait exploser des pétards pour chasser les mauvais esprits, offre des étrennes aux enfants, rend visite aux amis, etc… Et, le plus important, dans chaque famille on se réunit chez « l’héritier cultuel » pour faire des offrandes, avec des mets traditionnels spécialement cuisinés pour cette occasion, aux ancêtres disparus en se prosternant devant « l’autel des ancêtres », sur lequel on a allumé des bougies et fait brûler de l’encens**. Puis, après que les baguettes d’encens de la cérémonie sont entièrement consumées, toute la famille partage joyeusement ce repas de fête, souvent le meilleur de l’année.

Il faut dire aussi que cette fête constitue les seuls jours de repos pour beaucoup de ce peuple qui travaille dur pour « gagner son bol de riz quotidien ».

Dông Phong

* La prosodie la plus populaire au Viêt Nam. J’en ai parlé dans le N° 22 de LA LETTRE de Haïkouest (juin 2011). Pour les lecteurs qui ne disposent pas de cette lettre, un article similaire a été publié sur mon blog le 15 mai 2007, à la page http://terrelointaine.over-blog.fr/article-10423361.html.

** « Le culte des ancêtres », un syncrétisme d’animisme, de taoïsme, de confucianisme et de bouddhisme, est la principale pratique religieuse de la majorité des Vietnamiens, y compris pour les chrétiens (environ 10% de la population) avec l’autorisation du Vatican pour les catholiques, et même pour les … athées. Les baguettes d’encens et les bougies représentent symboliquement l’héritage reçu des ancêtres disparus, car on l’appelle hương hỏa ou parfum et feu. « L’héritier cultuel » est de génération en génération le fils aîné. Mais maintenant, avec la dispersion géographique des familles, le culte des ancêtres est célébré par chacun, fils ou fille, là où il/elle habite.

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Autel des ancêtres au Têt (Photo © Dông Phong)

3 réflexions au sujet de « HAÏKU DU CŒUR N°36 »

  1. Bonjour, Dông Phong

    Très intéressant article sur cette fête du Têt et sur les coutumes qui s’y attachent.
    Merci d’enrichir notre culture, ami de Terre Lointaine!

    Bon week-end
    Claudie

    • Bonsoir Claudie,
      Merci d’avoir apprécié cette publication.
      Comme tu vois, je profite de cette rubrique hebdomadaire pour raconter la culture commune de « l’Asie jaune » qui entoure les haïku et leurs cousins, et que les lecteurs occidentaux ne perçoivent pas toujours.
      J’espère qu’aucun esprit chagrin ne vienne m’accuser de faire des digressions et de « plomber » cette rubrique.
      Bonne soirée,
      Bien amicalement.
      Dông Phong

      • pfff n’importe quoi 🙂
        plus nous échangeons, plus nous apprenons des autres, plus nous grandissons … merci Dong Phong pour ce vent d’est

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