LES YEUX DU SAGE
A celle du liseron
Elle sera aujourd’hui pareille
Ma propre vie
Arakida Moritake
1473 – 1549
Ce haïku, extrait de l’Anthologie de la poésie japonaise classique présentée par G.Renondeau, est accompagné d’une courte note par laquelle il est stipulé que le liseron fleurit le matin, et est flétri le soir et que ce haïku est resté dans l’Histoire comme étant le poème d’adieu du sage qui l’écrivit.
Sous nos climats, le liseron est considéré comme une plante mellifère – on pourrait dire « nectarifère » – et pollinifère, ce qui, dans certains endroits, lui confère parfois un caractère quelque peu envahissant.
A comparer sa vie à celle du liseron, on peut s’interroger sur l’allusion que le poète livre ici. N’imagine-t-il pas que son art n’essaime par-delà les époques ; qu’il continue à se propager au-delà de sa propre vie pour nous enchanter encore et encore ?
Car en vérité, c’est de cette manière que les choses se sont déroulées. Précurseur dans l’art du haïku, Moritake n’en a jamais terminé de nous dire l’univers et ce faisant il a crée des cohortes d’émules. C’est ainsi que de cette forme d’expression, simplissime d’apparence, jaillissent chaque jour depuis cette époque de nouvelles oeuvres, toujours plus nombreuses et plus dispersées au quatre coins du monde.
Elle est identique en effet, cette vie « nectarifère », tant l’esthétique poétique qu’elle initie s’est propagée sur tous les continents pour le plus grand bonheur de tous les amoureux de belles lettres.
Jean Le Goff
22 mars 2014
Bibliographie :
– Anthologie de la poésie japonaise classique. Edition de G.Renondeau. Poésie / Gallimard. Paris 1978. 258 pages.
merci de cette découverte pour moi de ce poète-par ailleurs dans mon jardin bio je confirme que le liseron le soir semble mourir mais il revit plus fort chaque matin et se multiplie
Merci pour le commentaire et cet avis d’expert, comme quoi le poète a toujours raison…,
Bien cordialement
Jean Le Goff