LES YEUX DE L’HOMME
Venir à la fin du voyage
à la pointe du Mont Kajimi.
Le vent dans les pins, le vent dans les pins
Arakida Moritake
1473 – 1549
Si l’expression poétique peut être qualifiée parfois de frivole à l’époque de Arakida Moritake, elle apparait aujourd’hui plutôt légère face aux circonstances qui émaillent une vie.
Ici le poète est confronté au sentiment de finitude : il perçoit, d’une certaine manière le bout du chemin.
J’aurais voulu connaitre quelques caractéristiques du Mont Kajimi ou tenter de discerner en quoi ce lieu interfère sur l’existence de l’auteur. La documentation que j’ai à ma disposition n’a pas permis de satisfaire ma curiosité et l’archipel du Japon reste très éloigné …
Cependant, le lecteur attentif peut constater que cette ultime étape de l’existence est synonyme d’élévation chez Moritake. Cette mention n’est pas sans rappeler le formidable conte qu’est Narayama, nouvelle de Shichirô Fukazawa immortalisée à l’écran par le long-métrage de Shohei Inamura et qui reçut la Palme d’Or au festival de Cannes en 1983. L’histoire de Orin, la vieille villageoise conduite par son fils tout au sommet de la montagne, de par son réalisme parfois insoutenable, sut émouvoir les cinéphiles de l’Occident qui découvraient par là-même une pratique cruelle de l’époque d’Edo dans les villages reculés du Japon.
Pour l’heure, notre voyage en compagnie de Arakida Moritake s’achève. Le souffle du haïku viendra d’autres auteurs à partir de la semaine prochaine.
Jean Le Goff
29 mars 2014
Bibliographie :
– site internet : sornettes.free.fr (pour le haïku)
La fina p du voyage, peut-être.
Le vent dans les pins, que ce soit à la pointe du mont Kajimi ou à la pointe de Bihit en Trébeurden, ce vent-là a une telle puissance de transportation qu’il vous emporte dans un autre voyage, voire dans une autre vie à laquelle chacun donne sa propre mesure.
amitié
Jean Paul