LES FACETIES DE LA GRENOUILLE
Le cycle Arakida Moritake s’étant achevé avec le Haïku du Coeur précédent, évoquons à présent l’oeuvre de Yamazaki Sôkan ( 1465-1553 ), contemporain de Moritake et considéré avec lui comme le poète précurseur du haïku au XVIème siècle.
Sôkan – littéralement « méditation » – incarne la figure de proue du renga comique, parfois même vulgaire. Calligraphe à la Cour du Shogun, il devint moine bouddhiste itinérant et par là même observateur du monde qui l’entourait à partir de 1489.
Pour illustrer ce parcours de vie, j’ai choisi de vous proposer le haïku suivant :
plaçant ses mains sur le sol
la grenouille respectueusement
récite son poème
(trad : Daniel Py)
Sans être délibérément comique, cette oeuvre toute fraiche, attribue au petit batracien attachant pour les haïjins, une intention « humaine » que vraisemblablement il n’a pas, mais qui témoigne d’un coup d’oeil aiguisé. Sôkan met en pleine lumière un comportement de grenouille qui nous échappait.
Plus tard, bien plus tard, avec Bashô ( 1644 – 1694 ), la fameuse grenouille disparaitra furtivement de notre périmètre de vision avec un bruit qui n’appartient qu’à elle.
Comme on peut le suggérer ici, le poème de la grenouille est une longue histoire qui se déroule inlassablement sous la plume des poètes.
Jean Le Goff
5 avril 2014
Bibliographie :
– site haicourtoujours de Daniel Py
merci du cycle Moreitake- j’ai apprécié vraiment et vive la grenouille-celui-ci laisse à rêver
et j’apprécie son humour
Merci de votre fidélité, Sôkan nous réserve quelques surprises dont je vais tenter de me faire l’écho ces prochaines semaines.
Bien cordialement
Jean Le Goff