DURANT SEPT SECONDES
Elle se dénude
Durant sept secondes la lune
Effleure ses seins
Richard Wright
1908 – 1960
Richard Wright parsème son recueil de haïkus – Cet autre monde, livré à la postérité en 1998 – de tercets à connotations très sensuelles et celui qui ouvre cet article en est un exemple.
Avec l’expression traduite » Elle se dénude « , » While she undresses » dans l’oeuvre originale, l’auteur traduit une certaine banalité crue qui ne laisse augurer d’aucune effusion. Le second vers introduit une rythmique, comme un temps suspendu avant de voir apparaitre une quelconque émotion. Un rayon de lune modifie la scène soudainement et donne à l’ensemble une dimension érotique.
Par cette traduction, le haïku initial se trouve modifié dans sa construction :
While she undresses
A spring moon touches her breaks
For seven seconds
Outre la lune de printemps, suggestive du désir amoureux et faisant apparaitre le kigo (mot de saison) absent de l’oeuvre traduite en français, la césure nait ici avec les sept secondes. Pour Wright, ce laps de temps très court peut signifier qu’il suffit à l’apparition d’un tel désir, le chiffre sept étant considéré comme chacun sait comme magique car universellement reconnu comme » le symbole d’une totalité, mais d’une totalité en mouvement ou d’un dynamisme total « .
Dans l’un de ses ouvrages en prose, Richard Wright précise au lecteur la motivation qui le portait à écrire : » je voulais tenter d’établir une passerelle de mots entre le monde et moi (…), des mots destinés à conter, à marcher, à se battre, à crier cette sensation de faim qui nous travaille tous, cette faim de la vie « .
Le tercet qui ouvre cet article constitue une parfaite illustration de l’intention de l’auteur ; il confirme toute la force suggestive du haïku … en sept secondes !
Jean Le Goff
4 octobre 2014
Bibliographie :
– Haïku, cet autre monde. Richard Wright. Introduction de Julia Wright. Traduction de Patrick Blanche. Edition La Table Ronde. Paris 2009. 302 pages.
– Dictionnaire des symboles. Jean Chevalier et Alain Gheerbrant. Robert Laffont éditeur. Paris 1991. 1060 pages.
je sais maintenant pourquoi je suis toujours dans la lune
Belle maladie !
Cordialement
Jean Le Goff
Une sensualité qui mériterait plus de sept secondes et si comme le haïku on la répétait au moins une fois, 14 secondes de bonheur !
futée ..la gourmande !
La lune a quelque chose de magique, et nous conduit ici vers l’extase.
Amitiés
Jean
Il n’est pas interdit que cela se produise plusieurs fois … comme tu le soulignes !
Amitiés
Jean
nous aimerions réinventer les caresses de la lune…
amitié
Jean Paul
Tout à fait cher Jean-Paul, tout à fait,
Amitiés
Jean