LEVRES SANS VOIX
Fêtes de Noël –
La putain se fait des lèvres
Plus grandes que nature
The Chritmas season –
A whore is painting her lips
Larger than they are
Richard Wright
1908 – 1960
» Cet autre monde » mis en scène ici par Richard Wright, est celui des déshérités, des laissés-pour-compte, des refoulés d’une société qui les ignore sous des préjugés raciaux en l’occurrence. Réminiscence d’une enfance meurtrie par l’injustice et la misère, Wright n’aura de cesse que de livrer une autre image, un autre éclairage sur ceux qui se débattent en bordure du chemin.
Ce tercet est touchant à plus d’un titre et notamment à cause du caractère illusoire et quelque peu affligeant que peut revêtir la séduction. Il y a fort à parier que le soin apporté à se faire les lèvres dans de telles conditions n’apporte pas grand-chose à la réussite de la fête.
Vraisemblablement extrait de sa mémoire d’enfant, ce haïku de Richard Wright ramène à Black Boy son roman autobiographique déjà évoqué ici. Dans cet ouvrage, il indique » rien n’était plus étranger à mon entourage que le fait d’écrire ou de désirer s’exprimer par le truchement de l’écriture « .
Grâce à sa plume, il fut reconnu comme le premier auteur afro-américain. Ses combats ont été les prémisses de bien d’autres combats d’une communauté privée de ses droits légitimes. Saisissante de réalisme, l’image véhiculée par ce tercet est bien plus qu’une simple image, elle est le message d’une plume vaillante, qui, à son époque, combattait l’injustice.
Jean Le Goff
11 octobre 2014
Bibliographie :
– Haïku, cet autre monde. Richard Wright. Introduction de Julia Wright. Traduction de Patrick Blanche. Edition La Table Ronde. Paris 2009. 302 pages.
– Black Boy / Une jeunesse noire. Folio édition. Paris 1986. 445 pages.
sans être un angliciste patenté.. j’aime la musique et la concision de la V.O..c’est une bonne idée que d »avoir introduit ceci dans les derniers de R.w..
dans lle livre de la table ronde y a t’l le poème en Anglais
Exact, il m’arrive d’apporter la version originale qui apporte une dimension supplémentaire…
Amitiés
Jean Le Goff
on les sait femmes généreuses… alors à Noël! tant de baisers cadeaux.
Amitié
Mais il s’agit ici de la musique des … maux
Bien à toi
Jean
merci-les poèmes de R. Wght me touchent..il n’y a pas d’artifice…un vrai feu de cheminée..
Très juste,
Amitiés
Jean Le Goff
Combien on sent la vérité prise sur le vif dans cet haïku et en plus il me donne l’occasion de rebondir avec un qui ne fera pas l’objet d’un concours, mais également pris sur le vif ( sans le son) à Nantes !
Vision d’un tapin
Sur le quai embrumé
se tordant un talon
vous n’avez pas tourné les talons…du vrai vif
Ouaf, ouaf, j’en suis sur les genoux qui sur les pavés sont à vifs !
De vifs en vifs, cette chronique s’avère « zènement » vivante …
Bien cordialement
Jean Le Goff