Mélancolie
nous disant adieu
au chant des cigales, le soir
qui s’amenuise
Hosaï
1885 – 1926
Des articles de la rubrique Haïku du Coeur des semaines passées, chacun a bien perçu pourquoi Hosaï était très justement qualifié de poète de la solitude. Avec ce nouveau haïku du Maitre, cette tendance est suggérée, tout se passant comme si l’évocation du sentiment s’effectuait en creux. L’impression de mélancolie qui auréole ces vers, est provoquée par cette nécessité de séparation définitive dont on ne connait pas l’origine.
Le chant des cigales accroit cette impression car on pressent qu’à la tombée du jour, il est sur le point de s’interrompre. Dans la culture japonaise la cigale symbolise la complémentarité ombre-lumière car l’insecte vit de l’alternance entre silence nocturne et stridulations diurnes.
Par suite, l’auteur est au prise avec des sentiments contradictoires. Le poète discerne l’approche du silence inhérent à sa solitude et la disparition du chant de l’amitié ou de l’amour le renvoie à sa condition.
Hosaï parsema ainsi son chemin d’oeuvres que ses contemporains considérèrent parfois comme très (trop ?) autobiographiques. Prônant souvent l’abandon des consignes formelles de composition du haïku, il écrivit à partir de ses impressions, de l’état d’esprit dans lequel il se trouvait. Son oeuvre complète est attachante à ce titre notamment.
Jean Le Goff
6 décembre 2014
Bibliographie :
– Hosaï, sous le ciel immense sans chapeau. Poèmes choisis et traduits par Cheng Wing fun et Hervé Collet. Editions Moundarren. Millemont 2007. 124 pages.
le soir qui s’amenuise, le temps qui passe (trop vite), c’est aussi le temps d’un moment que l’on vit et, en l’occurrence fait nos beaux souvenirs. le temps d’un adieu n’est jamais anodin.
amitié
J.P.
Amitié Jean-Paul et merci pour ce touchant commentaire.
Jean