HAIKU DU COEUR N° 154

HAIKU DU COEUR N° 154

Solitude

j’écarte mes cinq doigts

histoire de voir

Hosaï

1885 – 1926

Si l’on devait faire une analyse lexicale des haïkus de Hosaï, c’est très certainement les mots « seul » et « solitude » qui apparaitraient le plus souvent dans l’oeuvre qu’il nous a léguée. Aussi pour clore le cycle des Haïkus du Coeur qui lui sont consacrés et avant d’aborder l’oeuvre d’un autre auteur dès la semaine prochaine, je ne pouvais éluder cette caractéristique majeure de « celui qui a lâché prise ».

Vous avouerez que ce haïku ne manque pas d’une touche d’humour ; tout en laissant place à l’émerveillement, tel que souligné dans l’article précédent publié samedi dernier.

L’oeuvre mentionnée aujourd’hui apparait déconcertante. Elle relève du jeu, du jeu avec soi. Comme pour se convaincre que son corps ne lui est pas étranger, Hosaï joue à le faire bouger « histoire de voir » ; et de ces cinq doigts écartés émanent une grande détresse suggérée avec simplicité parce qu’il vaut sans doute mieux en rire qu’en pleurer.

De l’ami le plus fidèle nous est parvenu un vibrant hommage dans lequel la capacité de Hosaï à se détacher des êtres et des choses du monde est soulignée. Dans le patrimoine poétique japonais, il s’est réservé une place à part.

A ce point de vue, l’oeuvre de Hosaï est touchante de par sa finesse et l’incomparable indépendance qui s’en exhale. Si de son vivant, Hosaï ne fit école que localement, c’est sans doute parce qu’il était déjà loin, très loin.

Jean Le Goff

17 janvier 2015

Bibliographie :

Hosaï, sous le ciel immense sans chapeau.

Poèmes choisis et traduits par Cheng Wing fun et Hervé Collet.

Editions Moundarren. Millemont 2007. 124 pages.