HAIKU DU COEUR N° 188
Goûter sans impatience
Je mange du raisin
grain après grain –
comme une grappe de mots
Nakamura Kusatao
(1901-1983)
Je ne sais pas si c’est la même chose au Japon, mais j’ai souvent constaté que le haïku dans nos contrées, pêche par excès de quantité plutôt que de qualité. En d’autres termes, la plupart des haïkus publiés sont bons mais … ils sont trop nombreux !
Sans doute n’ai-je plus les facultés de concentration nécessaires – l’âge aidant ? – mais il faut bien avouer que je suis rarement en mesure de savourer un recueil de haïkus d’une seule traite. Avant son terme, je décroche immanquablement, mon esprit s’évade ou reste accroché à la branche d’un de ces tercets. D’autres fois, j’ai le sentiment de ne pas l’avoir totalement apprécié, m’étant laissé aller à interrompre sa lecture.
Le haïku qui précède me semble entrer en résonance avec ces phénomènes ; oeuvre de Nakamura Kusatao (1901-1983), ce tercet souligne de manière subtile et sensuelle, le bonheur d’apprécier les choses sans gloutonnerie.
La poésie se goûte, elle aussi, de cette manière et cette rubrique Haïku du Coeur a aussi pour objet de le rappeler. Haïku après haïku, un autre monde ?
Jean Le Goff
14 novembre 2015
Bibliographie :
- Haïku du XXème Siècle ; le poème court japonais d’aujourd’hui ; présentation, choix et traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu ; nrf / poésie / Gallimard ; 2007 ; 220 pages.
C’est très juste : Le haïku se déguste comme une friandise, pour prendre une petite pause de temps à autre . Il est plus apprécié si l’on en abuse pas…
l’amateur devra toujours en avoir en réserve .
Amitiés
Victorine
Merci pour témoignage,
Amitiés
Jean Le Goff
Un haïku à la fois, comme un bon verre de vin. Ou de saké!
amitié
Jean Paul
Jolie comparaison … à ta santé !
Jean