WAKA DU COEUR N° 223
LE NON-DIT DES EMOTIONS
Ce qui n’est point dit
sur ce que l’on dit l’emporte
certes le savais
mais votre obstiné silence
me touchait cruellement
Murasaki Shikibu
Dans le livre sixième intitulé » La fleur dont on cueille la pointe » du très grand récit Le Dit du Genji et qui occupe les chroniques hebdomadaires de cet été, il semble que le Genji, le Prince si vous préférez, s’emploie non plus à tenter de séduire les femmes stricto sensu mais aussi à essayer de les comprendre.
Le chapitre s’ouvre sur un souhait, un espoir jeté en pâture à son esprit romanesque : » Ah, s’il était possible de découvrir une femme discrète et tendre et qui n’ai rien de guindé ! se répétait-il sans cesse… »
Que l’on en juge, ainsi la vanité ne daterait pas d’hier et la Cour dont il est question ici en est bien imprégnée, à hauteur de l’arrogance érigé en moyen de défense entre les protagonistes tous plus jaloux les uns que les autres de leurs prérogatives.
Dès lors nous sommes aux antipodes de toute manifestation d’authenticité. Si le non-dit peut avoir quelques vertus dans certains contextes, il peut aussi se révéler en tant qu’obstacle au partage des émotions.
La dame à qui s’adresse le Prince est d’un coeur tendre et ses silences s’ils déconcertent le soupirant, n’en sont pas moins des paravents à toute expression d’affectivité.
Il s’en retournera comme il est venu, désappointé par de turbulents silences attribués pour l’occasion à la timidité et à une forme d’éducation trop rigoriste et à l’écart du monde tel qu’il se vit.
» Le prince s’en alla discrètement, à pas de loup « , navré bien entendu d’un tel accueil.
Jean Le Goff
23 juillet 2016
Bibliographie :
- Le Dit du Genji de Murasaki Shikibu aux éditions Verdier, Paris 2011, 1460 pages.
» De la belle ouvrage « , n’est-ce-pas ?
amitiés
Jean
un beau langage digne des poèmes galants du moyen-âge.
Amitié. J.P