WAKA DU COEUR N° 225
PEINE DE COEUR
Son reflet dans l’eau
de la Mitarashigawa
seul m’est apparu
et à son indifférence
j’ai mesuré mon infortune
murmura-t-elle et bien qu’il lui en coûtât que ses femmes pussent voir couler ses larmes, elle se disait qu’il eût été dommage de n’avoir point vu la splendeur de son éblouissante beauté dans l’apparat du cortège.
Murasaki Shikibu
Par ce waka et ce court extrait du récit Le Dit du Genji, nous pouvons constater combien le Prince peut susciter de passion. La femme délaissée s’épanche sur sa condition et » son reflet dans l’eau » évoque » l’ombre de ton ombre » chère à Jacques Brel dans » Ne me quitte pas « .
C’est que dans les deux situations sont vécues deux détresses amoureuses que les entourages même ne sont guère censés ignorer.
Par ailleurs, l’emphase avec laquelle la beauté physique du prince est signifiée ici confinerait presque au ridicule si la douleur magnifiée par les larmes ne venait contrebalancer cette impression.
Jean Le Goff
6 août 2016
Bibliographie :
- Le Dit du Genji de Murasaki Shikibu aux éditions Verdier. Paris 2011. 1460 pages.