BREVE D’EVASION
So distant
from this scattered world
The cold evening moon
Que de cent-vingt deuxième numéro du Haïku du Coeur, vous soit propice à la méditation !
Une fois n’est pas coutume, il vous est livré en anglais, est l’oeuvre de Nishiyima Sôin (1605-1682) et peut être traduit en langue française de cette manière :
Si éloignée
de ce monde dispersé
La lune froide du soir
A mon humble avis, ce tercet qui nous vient de la langue de Shakespeare semble apporter une certaine gravité à notre manière d’apprécier le monde qui nous environne. L’espace d’un instant, il nous en extrait, nous en démarque, comme pour mieux nous permettre d’être en mesure d’en apprécier les failles. En un clin d’oeil, il nous transporte au-delà des vicissitudes du quotidien et nous incite à contempler la lune telle qu’en elle-même c’est-à-dire idéalement sereine au risque de paraitre froide.
J’aime beaucoup ce haïku qui accompagne son lecteur d’un monde à l’autre tout en sachant conserver l’ancrage dans le réel. Comment ne pas convenir que ce monde est bel et bien dispersé, nous qui vivons quotidiennement au rythme des soubresauts de l’actualité et de sa démesure ?
Haïku étonnamment contemporain, cette oeuvre de Nishiyima Sôin, traduit les angoisses éternelles d’être au monde. En trois vers, le Maitre laisse entrevoir une forme de « thérapie », celle de la contemplation, bien loin des appréhensions voire des peurs.
On ne dira jamais assez les bienfaits d’admirer la lune et si l’on en croit ce haïku, son attrait n’est vraisemblablement pas sur le point de s’éteindre, Sôin contribue ici à nous en convaincre.
Jean Le Goff
14 juin 2014
Bibliographie :
– site http//komyozan.org (Haïku by Sôin)
la lune n’est peut-être que notre lointain miroir qui nous
permet de prendre de la distance avec nous – même…
merci Jean
amitié
Merci Jean-Paul, je vais bientôt publier mon centième article des Haikus du Coeur et ce que j’apprécie tout particulièrement ce sont les échos que vous pouvez y apporter. Un plaisir partagé en quelque sorte.
Amitiés
Jean
Magnifique! regarder la lune nous recentre, nous remet à notre exacte place. Merci, une fois de plus.
Merci pour ce compliment enthousiaste, à très bientôt pour le ginko.
Bien cordialement,
Jean Le Goff
Une traduction pas très éloignée de ce haïku que tu nous proposes avec pertinence (comme d’hab.)
Si distante
de ce monde éparpillé
— la lune froide du soir
Une interprétation possible :
Même très éloignée la lune reste froide à voir ce monde sans cohérence malgré cette globalisation, et ne peut-on déceler dans cette face plate un sourire ironique ?
Merci Choupie, un sourire à la Mona Lisa en quelque sorte …
Amitiés
Jean