PERDRE SON CHEMIN
Loin dans la montagne,
Poursuivant un papillon,
je perds mon chemin
Hisago Sugita (1890-1946)
Avec le Nouvel An qui s’annonce, qu’il me soit permis, dans cette chronique hebdomadaire, de vous présenter chers Amis tous mes voeux pour 2013 et de vous souhaiter en particulier de formidables découvertes dans le monde du haïku.
Le tercet qui précède n’a pas été retenu par hasard. Le message qu’il véhicule peut illustrer la voie que nous traçons chaque jour.
Sommes-nous en capacité, avons-nous le désir de nous éloigner dans les montagnes en quête éperdue de papillons ?
Pour juguler les angoisses, la société s’invente des concepts de gestion, planification, organisation, rentabilisation, progression, uniformisation, délaissant dans le même temps celui d’évasion.
La poésie – qui en est un vecteur – ne se vend pas, diront des libraires mal inspirés qui garnissent leurs rayons de livres sous cellophane classés à l’aune des meilleures ventes.
Il n’y a guère de place pour la poésie dans les colonnes d’un grand journal, affirment sans rire, les rédacteurs de tous poils qui ressassent inlassablement les même choses au lectorat, tout étonnés qu’il se lasse.
Il est navrant de constater combien la mondialisation qui nous est présentée nous met souvent dans l’incapacité de perdre notre chemin en quête de papillons.
Sachons réagir, perdre notre chemin en poésie, le monde ne s’en portera pas plus mal, la mortification ambiante s’en trouvera atténuée et tout sera vivant.
A toutes et tous une très bonne année 2013, vive le haïku et… au plaisir !
Jean Le Goff
30 décembre 2012
Haiku extrait de Haïjins japonaises, une anthologie intitulée Du rouge aux lèvres, traduite du japonais et présentée par Dominique Chipot et Makoto Kemmoku. Editions Points. Paris 2010. 270 pages.
La publication de ce HAIKU DU COEUR a été avancée d’une semaine car je serai à Lisbonne samedi prochain.